L'indépendance du Sud-Soudan et l'Algérie
Suite au référendum portant sur l'avenir de la région du sud-Soudan organisé au mois de janvier dernier et qui a vu la population locale opter massivement (99%) pour l'accès à l'indépendance, la création de l'Etat sud-soudanais fut rendue officielle ce samedi 9 juillet 2011.
Après des décennies de violence, c'est tout le Soudan qui se retrouve aujourd'hui chamboulé. Cet accès à l'indépendance ne signifie malheureusement pas la fin des conflits politiques qui ont tant marqué le pays ni même un apaisement. Actuellement des combats ou plutôt des tueries ont encore lieu à la frontière entre le nord et le sud du pays, renforçant chaque jour davantage le gouffre qui sépare les populations soudanaises.
A ceux qui croient que la question soudanaise renvoie à un conflit entre le Nord musulman et le Sud animiste et chrétien, il convient de rétorquer qu'à l'origine, la constitution politique et économique du pays ne pouvait que résulter sur un pays comptant de fortes disparités géographiques. Cela signifie que le problème soudanais renvoi moins à une question religieuse et identitaire qu'à une relation inégalitaire entre le centre et la périphérie. C'est en fait une relation d'économie-monde (Voir Wallerstein) au sein même de l'Etat. Le centre, Khartoum, détenteur des rentrées financières, et la périphérie, le Darfour ou le sud du Soudan, exploitée par le centre. En résulte une forte disparité du développement des infrastructures (en particulier sanitaires).
Au début de la décennie, c'était la situation au Darfour qui préoccupait les médias internationaux. L'idée d'une cession avait était émise pour résoudre le problème des attaques des Janjawids. Mais il était clair que pour Khartoum il fallait sauver la face en investissant un minimum dans la région pour améliorer le développement. Il en a résulté une baisse relative des violences et un meilleur accès aux installations sanitaires et éducatives. Et alors que le Darfour tenait le haut de l'affiche, le sud du Soudan était complètement abandonné par les autorités. En fait, c'était les populations de cette province qui était délaissées, parce que l'intérêt de cette région n'était pas des moindres pour Omar El Bechir. En effet, comme le montre cette carte, les régions riches en pétrole se trouvaient en majorité dans la partie sud du pays, d'où le pétrole était acheminé jusqu'aux raffineries de la capitale; l'objectif des autorités était alors de préserver à tout prix leur main-mise sur les champ pétroliers, et cela à n'importe quel prix.
Aujourd'hui que le Sud-Soudan fait l'actualité, on peut aisément se rendre compte des disparités géographiques et surtout de l'abandon quasi-total de cette province par le pouvoir central soudanais. Par exemple, l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires est particulièrement parlant de cet abandon. Les populations vivant au sud du Soudan, mise à part ceux de la ville pétrolière de Djouba, vivent pour la plupart sans eau potable ni installations sanitaires. La carte suivante est explicite à ce sujet.
Les autres indicateurs témoignent dans leur totalité de la pauvreté, de la misère et de la violence dans lesquelles
vivent ces populations du sud.
Et l'Algérie dans tout ça? A défaut d'être un grand pays par ses performances économiques, l'Algérie se contentera d'être désormais le plus vaste pays d'Afrique.